Le moine Philémon de Gaza (VIe siècle) médite les Évangiles - édité par Daniel Bourguet

Après "Le moine Philémon de Gaza médite l’Évangile de Marc" paru en 2022, l’Évangile de Matthieu en 2023, et l’Évangile de Luc en 2024, la méditation de l’Évangile de Jean, éditée par Daniel Bourguet, est maintenant disponible.

Publiée pour la première fois, la profonde et lumineuse méditation de l’Évangile de Jean par le moine Philémon de Gaza (VIe siècle) quitte la discrétion des monastères. C'est vieux, certes, mais c'est intemporel et simple, comme la foi en Christ. Laissez cet écrit lumineux renouveler et nourrir votre foi personnelle.

Avant-propos de Daniel Bourguet

Quand Tischendorf, en 1859, a fait la fameuse découverte d’un des plus anciens manuscrits de la Bible dans la bibliothèque du monastère Sainte-Catherine au mont Sinaï, il est reparti du monastère avec quelques autres manuscrits, dont un anonyme qui ne l’a finalement pas intéressé quand il l’a daté du XIe siècle, du fait de la graphie du grec. Il a confié ce manuscrit à un moine de ses amis, excellent helléniste, qui s’est lancé avec ardeur dans la traduction, qu’il a faite en latin selon la coutume de l’époque. Malheureusement, comme il était relativement âgé, ce moine est décédé avant d’avoir terminé son travail. Le manuscrit est alors resté dans un placard de son monastère, faute de trouver dans cette communauté un autre moine pour prendre la relève.

Quelques décennies après, un moine français est entré dans cette communauté et a mis un jour la main sur ce manuscrit. Avec l’autorisation de son Père Abbé, il a repris le travail et, s’aidant de la traduction latine, il a tout retraduit, en français cette fois. Très bon helléniste et aussi très humble, il a fait un excellent travail, tout en tenant absolument à rester anonyme. Il s’est alors aperçu que ce manuscrit contenait en fait un texte du VIe siècle , écrit par un certain Philémon, moine de Gaza qui, à notre connaissance, n’a rien écrit d’autre. Jusqu’à présent, aucun document ne parle de cet auteur, car ce manuscrit est le premier et peut-être le seul qu’il ait écrit. Par ailleurs, il n’est cité par aucun auteur ancien. Il fait partie de ces humbles qui chantent aujourd’hui la gloire de Dieu dans la cour céleste. Son nom est apparu le jour où le traducteur s’est aperçu qu’il était inscrit en acrostiche avec la première lettre des premiers chapitres. Nous pouvons imaginer la joie du traducteur lorsqu’il a vu apparaître sous ses yeux petit à petit, lettre après lettre : « Philémon de Gaza, serviteur de Dieu ». Son intérêt pour la traduction a été largement décuplé, et il s’est pris d’amitié pour cet auteur qu’il a même considéré depuis comme un Père de l’Église.
J’ai connu le traducteur, il y a une trentaine d’années, lors d’une retraite que j’ai faite dans ce monastère ; il m’a montré son travail avec un enthousiasme qu’il a su me communiquer, et je suis resté en relation avec lui pendant des années, jusqu’à sa mort. Je dois reconnaître aujourd’hui que, pendant toutes ces années, j’ai pu me familiariser avec Philémon de Gaza au point d’en être moi-même très marqué dans mon cheminement spirituel. Je lui dois énormément, ce que percevront facilement ici ceux qui me connaissent. Et je rends grâce infiniment au Seigneur pour tout ce qu’il m’a donné à travers Philémon. Avant sa mort, le traducteur m’avait demandé si je voulais bien faire éditer ce texte, en me faisant promettre de ne pas dévoiler son nom, ce que j’ai respecté. Comme ce texte est très long, puisqu’il s’agit d’une méditation des quatre évangiles, j’ai d’abord publié le premier évangile médité par Philémon, à savoir l’Évangile de Marc, puis ceux de Matthieu et de Luc. Maintenant, j’en viens à publier la fin des méditations de Philémon, celles qui sont consacrées à l’Évangile de Jean.

Avec l’accord du traducteur, je me suis permis d’insérer dans le texte quelques références bibliques ; tout ce qui est entre parenthèses dans le texte de Philémon est de ma main. Il m’a semblé bon aussi de rédiger quelques notes en bas de pages et de faire quelques retouches minimes, tout cela afin de rendre ce texte plus accessible pour un lecteur d’aujourd’hui. Je suis heureux de livrer maintenant ce texte au public, en laissant chacun en apprécier le contenu.

Ce texte de Philémon est un recueil de méditations et non un commentaire, et il est bon d’en tenir compte. L’auteur d’un commentaire s’efforce d’éclairer chaque détail d’un texte et même, si possible, tous les détails. En revanche, l’auteur d’une méditation s’arrête sur un seul détail qui le touche et lui parle ; il prend alors le temps d’accueillir dans son cœur tout ce que ce détail lui dit comme venant de Dieu pour l’aider à vivre.

Une méditation est toujours très personnelle et n’est pas vécue dans l’intention d’être partagée avec d’autres ; elle appartient à l’intimité de son auteur avec Dieu. Le commentaire, par contre, n’a pas à être personnel et peut donc être communiqué à d’autres.
S’il arrive qu’un auteur mette par écrit sa méditation, c’est avant tout pour lui-même. Il pourra éventuellement reprendre son ébauche par la suite afin d’approfondir sa pensée et de cheminer dans son dialogue avec Dieu. Mais de toute manière, par pudeur, il ne se fait pas connaître, car ce qu’il a écrit appartient à son intimité avec Dieu. Philémon fait partie de ceux qui écrivent non pour les autres mais pour eux-mêmes. Comme cela est indiqué au début de notre manuscrit, ce texte de Philémon a été retrouvé sans doute longtemps après sa mort, nous ne le savons pas au juste ; il était en haut du placard d’une cellule. Peut-être le trahissons-nous aujourd’hui en le publiant ? Qu’il nous pardonne alors ! Et qu’il veuille bien rendre grâce avec nous si sa méditation nous aide à méditer nous-mêmes ; il serait même sans doute heureux d’être ainsi à notre service dans notre cheminement avec Dieu.

Ce manuscrit n’est que du XIe siècle, en effet, mais il est une copie d’un texte plus ancien. C’est une copie bien rédigée, mais nous ignorons si quelques fautes ne se sont pas insérées dans le texte originel entre le VIe siècle et le XIe, car nous n’en avons pas d’autre copie.
Il y a quelques lacunes à cause du mauvais état du bas du manuscrit. Chaque méditation de Philémon commençant en haut d’une page et se terminant en bas de page par une prière, le mauvais état du manuscrit explique pourquoi ces prières sont toutes inachevées voire absentes. Cela dit, nous pouvons tout de même en tirer profit aujourd’hui, car nous sommes ainsi comme invités à les poursuivre par notre propre prière.

Et maintenant je cède la place à Philémon en demandant à Dieu de vous bénir en votre lecture, pour qu’elle suscite et nourrisse votre propre méditation. Je recopie ici la page de garde du manuscrit déjà publiée avec l’Évangile de Marc ; il m’a paru bon, en effet, d’introduire ainsi l’Évangile de Matthieu, celui de Luc et ici celui de Jean.

Recensions

Le moine Philémon de Gaza médite l’Évangile de Matthieu, Recension par le Monde de la Bible

Romain Secco de la librairie 7ici présente "Le moine Philémon de Gaza", une méditation de l’Évangile de Marc selon ce moine du VIème siècle.

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